Je n'ai jamais douté du génie créatif de Wajdi Mouawad. Dès la première création que j'ai vu de lui, Incendies, je suis tombée amoureuse de son style et de la poésie qu'il brode autour des drames humains. Il n'y a que lui pour brouiller les cartes entre bourreau et victime, entre haine et amour, des limites que l'on découvre très minces. Je n'ai pas peur de le dire, malgré la contreverse qui a entouré la participation de Bertrand Cantat dans le Cycle des femmes au TNM, j'ai toujours cru et su qu'il y avait une démarche brillante qui sous-tendait l'idée de Wajdi. Tout ceci m'amène à vous parler de Temps, sa plus récente création présentée au Théâtre d'Aujourd'hui.
L'action de Temps se déroule à Fermont alors que la ville est aux prises avec un problème de rats. Ayant été chassés de leur forêt ravagée par un incendie, les rats se voient obligés de dévier leur trajectoire en passant par la ville pour atteindre le dépotoir, leur source de nourriture. On découvre que l'origine de l'incendie est liée au drame de la famille Delaforge. C'est le courage de Noëlla, l'aînée de la famille, qui réunira toute la famille alors que leur père s'éteint tranquillement des ravages de la maladie d'alzheimer. On est ensuite transporté dans une histoire où toute la beauté et la laideur du monde s'entremêle, où la vengeance valse avec la pitié et où la maladie s'avère méritée. Une réflexion sur l'amour fraternel au-delà des barrières, l'universalité du langage et le rapport victime agresseur.
Le point culminant de l'histoire nous apparaît tranquillement comme dans le cas d'Incendies, c'est pourquoi je ne peux pas vous en dire beaucoup plus sans vous en révéler l'essentiel. Bien que le propos de Temps soit cruel et difficile, c'est une pièce à voir et de laquelle on ressort avec un moment de réflexion à prendre. C'est réellement le type de pièce de théâtre qui me fait vibrer: la dure réalité de laquelle on fait aussi ressortir les nuances et la beauté.
Une pièce à voir pour ceux qui aimeraient découvrir Wajdi Mouawad ou encore pour ceux qui doutent de ses intentions et de son génie de créateur.
Temps, jusqu'au 14 mai au Théâtre d'Aujourd'hui.
www.theatredaujourdhui.qc.ca
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