En découdre est la toute nouvelle pièce mise en scène par Éric Jean au Théâtre de Quat'Sous. Depuis qu'il a pris les rennes de l'établissement, les pièces qu'il a lui-même mis en scène n'ont cessé de nous étonner et de nous émouvoir. On n'a qu'à penser à Hippocampe, Corps Étranger, Opium 37 et Chambre(s). Il a ce don particulier de créer des ambiances fortes de sens qui vont au-delà du jeu des comédiens; que ce soit par l'utilisation des silences, des ombres, des déplacements... Il maîtrise très bien son art.
Jusqu'au 19 mai, il présente En découdre avec la collaboration de l'auteur français Luc Tartar. Les deux créateurs avaient déjà eu l'occasion de travailler ensemble, en 2009, avec la pièce pour adolescents S'embrassent, du Théâtre Bluff. Un franc succès.
Cette fois-ci, c'est la schizophrénie qu'ils essaient de démystifier.
«Confronter ses propres démons. Bousculer les conventions, sortir de la mêlée pour capter la lumière, avoir le droit au bonheur. En découdre est le combat épique de celui qui est différent, mais qui lutte avec courage et vaillance.»
Étant vendue au travail d'Éric Jean, je l'avoue, c'est avec de grosses attentes que je me suis rendue au Quat'sous plus tôt cette semaine. Je n'ai vraiment pas été déçue, mais pour être franche, je trouve qu'il manquait à cette création un je-ne-sais-quoi qui aurait su déclencher un plus fort sentiment d'empathie envers le personnage féminin atteinte de schizophrénie. Pour vous mettre en contexte, la pièce raconte l'histoire d'une jeune femme dans la vingtaine qui, à force de comportements anormaux, apprend qu'elle est atteinte de schizophrénie. S'en suit une traversé dans les coins sombres de la maladie où ses proches tentent tant bien que mal de l'aider.
On annonçait une création à la fois musicale et théâtrale, ce qui a d'autant plus piqué ma curiosité. Un choix juste et très bien exploité de la part de Monsieur Jean. On a laissé le texte respirer en l'entremêlant à des trames sonores, des silences, de la danse et du chant. Face à la maladie ce n'est, en effet, pas tant la parole qui contribue à nous faire plonger au coeur du sujet, mais tout ce qui touche l'ambiance et l'expression corporelle. Une belle idée qui fonctionne.
Je n'ai jamais eu à faire face à la schizophrénie dans mon entourage, j'en connais donc très peu sur le sujet. C'est d'ailleurs pourquoi j'aurais aimé voir des réactions plus vives de la jeune femme et de son entourage à l'annonce de cette terrible nouvelle. On sent le désemparement chez les personnages, mais c'est très «léger». Si on se met à la place de la mère de la jeune fille, je suis certaine qu'il y aura plus de colère et de sentiments mitigés face à la maladie que ce que l'on voit sur scène. J'aurais aussi aimé être transportée dans la tête de la jeune fille; entendre les voix et les sons qui hantent les gens atteints de schizophrénie, dit-on. On a choisi de ne pas entrer là-dedans pour En Découdre et selon moi, ça manque un peu à la pièce.
Reste qu'il s'agit d'une très belle création au plan de la mise en scène et dont le propos nous force à une réflexion sur cette maladie encore bien peu connue. À la sortie du théâtre, ce sont les mots touchant et poésie qui se promenaient sur les lèvres des spectateurs.
En Découdre, jusqu'au 19 avril 2011 @ Théâtre Quat'sous
http://www.quatsous.com/1011/saison/en_decoudre.php
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